
Contexte juridique
La prestation compensatoire, prévue par les articles 270 et suivants du Code civil, vise à compenser la disparité que la rupture du mariage crée dans les conditions de vie respectives des époux. Son objectif est de rétablir, autant que possible, un équilibre économique entre les ex-conjoints après le divorce.
Dans ce cadre, les droits à la retraite, actuels et surtout futurs, constituent un élément majeur dans l’évaluation de cette disparité, en particulier lorsque l’un des époux a fait des sacrifices professionnels au profit de la famille ou de la carrière de l’autre.
Les droits à la retraite : un critère déterminant
Prise en compte des sacrifices professionnels
Lorsqu’un époux a interrompu ou limité son activité professionnelle pendant le mariage pour :
- S’occuper des enfants,
- Suivre son conjoint dans le cadre de mutations ou de choix de carrière,
- Assumer des charges domestiques importantes,
cela a nécessairement un impact sur sa carrière et, par conséquent, sur ses droits à la retraite.
Le législateur et la jurisprudence considèrent ainsi que ces éléments doivent être pris en compte dans l’évaluation du montant de la prestation compensatoire, car ils traduisent un déséquilibre économique futur, souvent irréversible.
Appréciation de la disparité actuelle et future
La Cour de cassation et les juridictions de fond rappellent régulièrement que la prestation compensatoire ne s’apprécie pas uniquement en fonction des revenus actuels, mais aussi en tenant compte :
- Des droits à la retraite prévisibles,
- Des perspectives économiques à long terme de chaque époux,
- Des sacrifices professionnels consentis pendant le mariage,
- De l’âge des époux et de leur état de santé,
- De leur patrimoine respectif.
Ainsi, un époux qui, au moment du divorce, perçoit des revenus modestes mais dispose de droits à la retraite significatifs peut voir le montant de la prestation compensatoire réduit, voire écarté.
À l’inverse, un époux qui dispose de faibles droits à la retraite en raison de sacrifices professionnels effectués au cours du mariage peut légitimement prétendre à une prestation compensatoire plus conséquente.
Illustrations jurisprudentielles
Plusieurs arrêts de la Cour de cassation viennent appuyer cette analyse :
- La Cour rappelle que le montant de la pension de retraite prévisible est un critère essentiel pour apprécier l’existence d’une disparité économique née de la rupture du mariage.
- Les juges doivent, lorsqu’ils statuent sur la prestation compensatoire, se prononcer sur les éléments permettant d’évaluer les futurs droits à la retraite, notamment :
- Les relevés de carrière,
- Les projections de pensions,
- Les justificatifs d’interruptions ou de ralentissements de carrière.
Conséquences pratiques
Pour les praticiens du droit
Les avocats doivent être particulièrement attentifs à la production de pièces permettant d’établir :
- Les trajectoires professionnelles respectives des époux,
- Les sacrifices professionnels consentis par l’un au bénéfice de la famille,
- Les montants de pensions de retraite prévisibles pour chacun.
Pour les époux concernés
- Il est essentiel de constituer un dossier complet incluant les justificatifs de carrière, les documents de caisse de retraite et, le cas échéant, les éléments prouvant les sacrifices professionnels (cessation d’activité, temps partiel, expatriation).
- Les époux doivent être conscients que la prestation compensatoire vise également à réparer les déséquilibres économiques qui se manifesteront à long terme, notamment au moment de la retraite.
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